Les partisans pour la construction d’un parking souterrain à la Place du Marché à Vevey affirment, entre autres choses, que:
- «Le parking qu’ils proposent ne coûtera rien aux Veveysans»;
- «Le parking projeté par le Plan directeur du stationnement à Entre-Deux-Villes aurait été “jugé non rentable par deux (?) sociétés actives dans le domaine”».
Ces deux affirmations sont aussi peu exactes l’une que l’autre. Elles ont un autre point commun: le partenariat public-privé (PPP).
Le PPP est en effet ,selon les promoteurs de l’initiative, la «recette-miracle» qui permettrait à cette éventuelle réalisation d’être gratuite pour les Veveysans; c’est aussi un PPP que la commune de Vevey et la société Vinci Park avaient négocié en 2016 pour construire un parking à Entre-Deux-Villes; enfin, c’est par un PPP entre la commune d’Yverdon-les-Bains et le consortium Marti-Amag que devrait se construire un parking de 1000 places (sauf référendum), que les promoteurs de l’initiative veveysanne prennent comme modèle.
Dans un partenariat public-privé, le public met en général le terrain qu’il possède, en concédant au privé un droit de superficie, et le privé investit les capitaux nécessaires à la construction. Le montant de la redevance pour le droit de superficie, la durée de ce droit, les conditions de retour de l’ouvrage au public à la fin du droit de superficie, la participation financière du public aux coûts de construction et l’étendue des travaux assumés par le privé, tout cela résulte évidemment d’une négociation entre les partenaires, qui peut donner des résultats très différents selon les attentes respectives et selon le rapport de forces.
En somme, quand on a dit PPP, on n’a encore rien dit. Les importantes différences (voir tableau ci-dessous) entre la convention élaborée pour Entre-Deux-Villes et celle signée à Yverdon-les-Bains le montrent.
Dans le projet d’Entre-deux-Villes à Vevey, la société partenaire aurait payé tout ce qui concerne la construction, y compris le remboursement des frais d’étude engagés par la commune, et aussi l’aménagement de la surface et du carrefour. Le droit de superficie était de 40 ans, pendant lesquels le partenaire privé payait une redevance, après quoi la commune devenait propriétaire de l’ouvrage. Jugeant qu’à ces conditions-là, l’exploitation de ce seul parking ne serait pas rentable, la société Vinci exigeait la gestion et les recettes du parking du Panorama, ce qui aurait coûté tout compris environ 300’000 francs par année à la commune pendant 40 ans, avant qu’elle ne devienne propriétaire du parking et des aménagements.
Le Conseil communal a alors trouvé que c’était trop, et n’a pas apprécié l’absence de vision d’ensemble du stationnement dans la proposition de la Municipalité. Le projet a ainsi été refusé, mais peut être repris dans les prochaines années.
A Yverdon-les-Bains, la commune devrait payer non seulement l’aménagement de surface, mais tous les frais d’étude, le déplacement des réseaux souterrains (égouts, télécoms, électricité etc), les frais pour d’éventuelles fouilles archéologiques, les divers et imprévus ; elle subventionne encore la construction à hauteur de 2,5 millions. Au total, 16,5 millions soit 23% des frais de la construction proprement dite (et 36,5 millions, soit 40%, pour l’ensemble de la réalisation, avec l’aménagement de surface). Enfin, la durée du droit de superficie est de 70 ans, et la commune garantit pendant 10 ans au partenaire privé un chiffre d’affaires de 2,5 millions par an.
Revenons aux deux affirmations des partisans de l’initative.
- La comparaison entre les deux cas démontre que c’est faux de dire qu’un projet est rentable ou pas, en fonction seulement de son emplacement ou de sa taille. Tout dépend des conditions négociées. Le projet d’Entre-deux-Villes à Vevey, aurait été rentable, puisque Vinci entrait en matière, pour autant que la commune accepte ses conditions.
- La promesse des promoteurs de l’initiative que «ce parking ne coûtera rien aux contribuables» n’est pas crédible : le parking d’Entre-deux-Villes leur aurait coûté quelque 12 millions répartis sur 40 ans. Et à Yverdon-les-Bains – modèle des promoteurs de l’initiative –la commune investirait 16,5 millions pour la construction, plus l’aménagement de surface, plus l’absence de recettes du parcage pendant 70 ans.